Des destructions sociales totalement inutiles

Dans une réunion sur les finances locales, le Préfet de la Gironde m’avait opportunément rappelé que malgré les suppressions de postes et la mise en œuvre de la fameuse LOLF il n’avait qu’à se louer du fonctionnement des services de l’Etat. Il n’y avait pas de raisons, pour lui, que les collectivités territoriales n’entrent pas dans la même logique financière. Un Etat en faillite emprunte depuis maintenant 2 mois pour faire face à ses dépenses de fonctionnement. Il ne peut pas se permettre de voir comparer son comportement erratique avec l’obligation faite aux collectivités locales d’équilibrer leurs dépenses et de dégager un autofinancement (excédent) suffisant pour ne pas être montrées du doigt. Le déficit budgétaire de l’Etat en France a pourtant atteint 133,1 milliards en octobre 2010 (cumul depuis janvier). La dette publique négociable française est restée stable à 1 223 milliards, son niveau record. Ceci correspond à la situation budgétaire de l’Etat central uniquement, et n’inclut ni les organismes de sécurité sociale ni les… collectivités locales.
Sur la période des dix premiers mois de 2010, les recettes fiscales ont atteint 223,6 milliards d’euros et les dépenses… 354,3 milliards d’euros ! L’essence des voitures de fonction et tout le train quotidien ordinaire de l’appareil d’Etat est payé par des emprunts sur plusieurs années. Pour faire bonne mesure, le compte spécial (dont transferts aux collectivités locales) enregistre un déficit de 2,4 milliards d’euros. Comparé à celui de 2009 à la même date, le niveau déficit est inchangé, mais on ne vous le dira surtout pas. Ainsi, l’amélioration qui avait été enregistrée sur les premiers mois de l’année ne fut que très temporaire, et il faut constater que le déficit public de l’Etat en France n’a donc pas été réduit d’un iota entre 2009 et 2010… contrairement aux affirmations péremptoires de François Fillon ou de Christine Lagarde !
Les dépenses publiques en France ont progressé… de 17 % sur un an, très loin du montant de l’inflation sur le même laps de temps. La suppression des emplois ne changera rien à cette réalité, qui est soigneusement cachée car elle n’intéresse pas les gens. L’amélioration du côté des recettes, fortement impactée en 2009 par le plan de relance et la chute des impôts (récession et exonérations obligent), ne peut que compenser et maintenir le déficit à son niveau de 2009. Tout ça pour rien du tout, et si on se passe en boucle les déclarations fracassantes débitées au fil des mois avant le remaniement ministériel, la crédibilité de la politique serait fortement détruite. On truque les repères. On tente de conserver dans les caisses de l’Etat les crédits européens. On décale les factures. On ne renouvelle pas le moindre contrat de travail. On réduit de tous les côtés les crédits de fonctionnement sur le terrain. On ne paye pas des loyers, des factures d’eau ou d’électricité. Bref on tente de masquer une situation pour le moins inquiétante, car la cause première du creusement du déficit sur la deuxième partie de l’année 2010 reste le dérapage des dépenses budgétaires de l’Etat… donneur de leçon !
Le niveau actuel correspond à un déficit en % du PIB proche de 7 % (sans Sécurité sociale et collectivités locales). A trajectoire inchangée, et en incluant les autres secteurs publics, le déficit public en France serait entre 7,5 % et 8 % du PIB en 2010…après 7,5 % en 2009. On est loin des 3 % (cible pour 2014) qui constituent un pur effet d’annonce dont personne ne peut croire un traître mot ! En % du PIB, le niveau atteint environ 63 %, contre 60,2 % en 2009. Cette dette est détenue à près de 70 % (données AFT) par des investisseurs étrangers, ce qui est fait pour rassurer tout le monde. Le monde musulman du pétrole entre par toutes les fenêtres ouvertes. Les Chinois, directement ou indirectement, s’approprient des pans entiers de la dette française et un jour ou l’autre, ils présenteront l’addition ! Mais c’est secret. 62 % de la dette de l’Etat est détenue par des non-résidents, c’est à dire des entités financières (Etats, fonds, banques, etc) ne résidant pas ‘fiscalement’ en France. On n’a ainsi aucune information sur le détail de ces 62% ! Quelle est la part des pays pétroliers ? de la Chine ? des fonds de pension US ? circulez, il n’y a rien à apprendre, car personne ne veut donner d’information sur ce sujet.
L’économie nationale ne peut plus absorber l’endettement de l’Etat qu’à hauteur d’un tiers, ce qui nous place dans une forte dépendance des investisseurs étrangers. Tant qu’ils souscrivent nos emprunts, tout va bien, mais en cas de retournement, l’Etat se retrouvera à court de liquidité et ce sera la faillite. Et dans le contexte de la crise actuelle généralisée, cette hypothèse ne peut pas être exclue… La France, en ce moment, emprunte 2 milliards par jour pour assurer son fonctionnement en continuité. On ne lance plus une équipe pour déneiger sur les routes sans s’assurer que l’on sera couvert pour la facture… On n’a pas assez de stocks de sel. On n’a même plus les véhicules, puisque le « parc » de l’ex-DDE a été refilé avec son personnel aux… Conseils généraux avec les routes nationales. Mais qui s’en soucie, les jours où il ne neige pas ? La météo a bon dos… quand on sait que les moyens n’existent pas pour faire face aux aléas climatiques. On se tourne vers les sapeurs-pompiers (financement département et communes), les associations de solidarité, subventionnée par les collectivités locales, vers les Maires, « bonnes à tout faire » de ce pays et l’Etat se contente de…. coordonner, quand il le veut et surtout le peut. On a vu ce que ça donnait en Ile de France sous les flocons ! En fait, si les gouvernants regardent la météo et ont un budget d’achat de cierges, c’est que tout simplement ils espèrent échapper aux dépenses qu’ils ne peuvent pas effectuer, ce qui engage leur responsabilité. Et rien n’est plus terrible que d’avoir à assumer une responsabilité sans avoir le moindre euro à mettre dans l’action. C’est plus facile de détourner l’action en vitupérant sur les juges, en taillant les élus locaux, en courant les plateaux télé pour expliquer que le courage qui consiste à tuer la relance en sacrifiant l’emploi est exemplaire ! La preuve : pas un seul euro d’économie !

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