Sur le blog de Gironde citoyenne ( http://www.girondecitoyenne.fr ) j’ai enfin l’occasion de m’exprimer sur l’avant-projet de réforme des collectivités territoriales. Cet entretien vous permettra de vérifier que mon opposition repose sur une analyse proche du terrain, d’un texte potentiel qui va faire imploser le système républicain actuel.
En voici des extraits qui vous permettront de connaitre l’essentiel d’une position personnelle… qui est largement explicitée sur Gironde citoyenne.fr
Vous êtes un élu local qui a toujours revendiqué son souci premier de la proximité et du terrain, cela vous vaut une reconnaissance forte des électrices et des électeurs dans le Créonnais. Pourquoi un engagement aussi fort aujourd’hui sur un sujet d’envergure nationale comme la réforme des collectivités territoriales ?
Que l’on me comprenne bien, il est hors de question dans mon esprit de faire de ce sujet un enjeu de politique politicienne. Depuis plus de 40 ans que je suis investi dans la vie syndicale, mutualiste et publique, je me suis toujours éloigné des questions bassement polémiques et des enjeux personnels. Je ne me suis pas découvert, à 60 ans, une vocation contraire à mes idées et à mon action publique de longue date. Par contre, j’estime qu’il est de ma responsabilité de citoyen et d’élu local de m’engager sur ce terrain, comme j’estime que chaque élu devrait le faire, sans arrière-pensée partisane, mais avec le souci du devenir de nos territoires, de la gestion locale démocratique et de proximité. En quelque sorte, je poursuis logiquement le sens de mon engagement déjà ancien auprès de Philippe Madrelle que je côtoie depuis maintenant 40 ans !
Si les élus, quels qu’ils soient, manquent le rendez-vous historique que nous a imposé le président de la république, il y aura des réveils très douloureux pour chacun dans son quotidien, et des lendemains difficiles pour la démocratie. Nous sommes dans l’assassinat pur et simple de la citoyenneté locale de proximité!
Savez-vous si Philippe Madrelle approuve votre action ?
J’ai mes idées, mais je crois que Philippe Madrelle et moi sommes dans une très grande convergence de vues sur ce sujet. Mon souci du collectif et ma loyauté à son égard sont permanents. Elles ne reposent pas sur des intérêts de pouvoir, mais sur le fait que pour moi et pour beaucoup d’élus, il incarne justement ce que la démocratie de proximité porte comme efficacité, comme équité et comme liberté (…)
Quels sont les enjeux de cette réforme territoriale, selon vous ?
Il nous faut affirmer la position claire et déterminée des élus de proximité contre les orientations du Président de la République et du Gouvernement dans ces domaines. En Gironde, c’est clair, même si comme le fanfaronne le leader des 4 membres réels de l’UMP au sein du Conseil Général, son camp gagnait 5 sièges à chaque renouvellement, il lui faudrait… 30 ans pour espérer avoir la majorité au sein de l’assemblée départementale actuelle. C’est ce constat qui est insupportable pour les leaders actuels de l’UMP, qui essuient échec après échec depuis des décennies. Le Président de la République a donc décidé de leur offrir, dans toute la France, un véritable coup d’état institutionnel sur le principe de Bertolt Brecht : “Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple! ». Le reste relève du jeu pour journalistes complaisants!
Vous êtes donc contre toute amélioration du pseudo mille feuilles ?
La gauche a fait la décentralisation. Il n’est pas question de dire que tout est parfait et qu’il faut que rien n’évolue, au contraire. Nous sommes les premiers à réclamer un Acte III de la décentralisation, réfléchi et discuté avec tous les élus et les citoyens, sans arrière pensée. Malheureusement, Nicolas Sarkozy et son gouvernement ne se soucient pas de cela. Ils se sont attachés à inventer un projet de casse de la démocratie locale, du système actuel de gouvernance équilibrée de nos territoires, de ses marges de décisions et de ses moyens financiers pour assurer l’exercice de leurs compétences (..)
C’est pour cela que vous avez engagé votre commune sur la voie d’un référendum local ?
Je n’ai pas engagé ma commune sur une voie particulière. Il me fallait sensibiliser mes concitoyens aux enjeux réels d’une réforme qui pouvait leur paraître étrangère, et donc éloignée d’eux, alors qu’elle les concerne, eux, les premiers. Et puis, l’équipe municipale a été élue en 2008, sans avoir de mandat pour engager la commune vers une nouvelle entité territoriale, la logique veut que l’on revienne donc vers les électeurs sur ce sujet (…)
Vous avez donc voulu faire « un coup » ? Au risque de vous attirer certaines remarques désagréables de vos amis politiques ?
Ce qui m’intéresse, c’est d’agir efficacement et dans la proximité. Un conseil citoyen local, sans exclusive politique, a été formé. Il organisera en temps voulu une consultation de tous les Créonnais. Je note au passage que quand l’Etat frémit à Créon, il reste endormi dans les Alpes-Maritimes où il y aura bien référendum d’intiative locale sur le même sujet (…)Je vais payer tôt ou tard, avec l’aide de quelque média revanchard, mon engagement atypique. Je le sais et je l’assume.
Plus largement, comment comptez-vous poursuivre votre action sur ce terrain ?
Il s’agit d’un sujet éminemment citoyen, il fallait donc en donner la possession aux citoyens. En 2008, je m’étais engagé, lors de ma campagne cantonale, à faciliter la création d’une structure citoyenne d’écoute, de concertation, et d’association des citoyens, des entreprises et des élus. J’assume le contenu et la méthode car je crois que c’est l’avenir de la démocratie qui passe par de telles initiatives indépendantes, fiables et durables (…)
Les associations des maires, Présidents des Conseils Généraux et Régionaux réagissent avec vigueur contre la perte annoncée de leur autonomie fiscale et sur la perte de moyens pour assumer les compétences qui leur seront dévolues. Comment voyez-vous les choses ?
Sur la réforme de la Taxe Professionnelle, qui n’a jamais contrarié les investissements ni l’installation d’une entreprise dans notre département, aujourd’hui tous les analystes se rejoignent pour dire que les grands gagnants de cette réforme sont incontestablement l’Etat et les entreprises, qui bénéficieront d’un allègement massif d’impôt d’environ 6 milliards d’euros par an. C’est d’ailleurs l’objectif revendiqué par le gouvernement. Avec la même certitude, et par un effet de vases communiquant, on sait que l’augmentation de la pression fiscale pèsera sur les ménages. Ont-ils conscience de cela ? Sont-ils prêts à accepter cela ? Les questions méritent d’être posées, et c’est à eux aussi d’y répondre, à nous de le leur expliquer. Il est on ne peut plus clair que, sous couvert de réorganisation de la gouvernance territoriale, le gouvernement souhaite en fait s’attaquer aux Services Publics locaux, source potentielle de profits pour les grands groupes, au détriment de la transparence financière, de l’efficacité et d’un rôle social. Pour limiter les dépenses des collectivités, le gouvernement cherche à les cantonner au rôle de prestataires de services, en limitant leurs compétences à la mise en œuvre de la politique de l’Etat. Nous sommes là dans une recentralisation qui ne dit pas son nom ! Notre détermination à défendre les services publics locaux et à les développer n’en sera que plus grande.
L’entretien en entier est sur http://www.girondecitoyenne.fr
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